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Aujourd'hui, faire une chanson comme ça avec les trippes, ça sert à rien supposément. On se fait aussi sermoner que ça sert à rien de manifester, à rien de se faire entendre,on en vient desfois à se demander à quoi ça sert de vivre.
Je me dis que quand on sent qu'on a la capacité de faire un geste, un geste qu'on trouve qu'il vaut la peine parcequ'il vient du coeur, même si la tête dit que ça donne rien: faut le faire! J'ai des rêves comme tout le monde, c'est dur de réaliser de grands rêves, mais au moins, je réalise des petits rêves, comme faire cette chanson de mon mieux, en suivant mon instinct, mon instinct de survie, face à ce qui se passe. Comme citoyens, on fait chacun notre part comme on peut, de notre mieux.
Quand une loi vient empêcher les gens de faire ce qu'ils et elles peuvent, vient leur bloquer la possibilité de vivre leur expression sociale, leur arracher le droit de faire leur petit quelque chose pour les autres, pour l'avenir, c'est grave. Manifester, c'est un genre de petit rêve réalisable pour bien des gens, un de ces rêves qui implique un petit dépassement du quotidien, mais un vrai, concret. Petit rêve deviendra grand. Mais face à l'impuissance, faut au moins pouvoir dire qu'on souffre. On a pratiquement pu de pouvoir dans les faits, si ce n'est de voter pour un parti ou un autre aux 4 ans, avec carte blanche. Si en plus de ne pas avoir de pouvoir, on a même plus le droit de le faire remarquer.... ça va mal, vraiment mal. Qu'on nous enfonce des balles de plastique dans l'oeil ou des amendes de 5000$, ça handicape notre capacité d'action pour un bout. Quand on veut empècher quelqu'un de manifester, le forcer à travailler plus d'heures pour payer des amendes est très efficace, peut-être même plus qu'un bras cassé.
La loi du 18 mai change la vie de trop de monde, dont une bonne gang qui s'en rend pas encore compte. Le 18 mai, c'est un pouvoir discrétionnaire (ils peuvent faire pas mal ce qu'ils veulent tellement c'est flou et vaste) qui à été donné à la police pour bien plus que pour calmer les étudiants. Je pense que malgré ce que ça me fait, malgré les envies de rager et d'aller trop loin, je suis resté honorable dans le texte de ma chanson, et c'est dans cette balance que je souhaite qu'on arrive tous à se tenir. Crier, c'est nécessaire desfois, ça peut sauver des vies.
Cette date là, faut qu'on s'en souvienne, longtemps.
released May 19, 2012
photo par An Phuong Nguyen, graphisme par Francois Cliche